La commune d’Hérémence et le Val des Dix conjuguent leur territoire au rythme de la modernité et de l’histoire. Terres ingrates, pentes escarpées, vallée du diable, tels furent quelques qualificatifs relatés par les auteurs du 19ème siècle y ayant séjourné. Peuplades hunniques, fées bienfaisantes, brigands et voleurs, autant de termes transmis oralement durant les longues veillées autour du foyer ou dans les mayens. La rudesse des travaux agricoles et la dureté des conditions de vie ont forgé des caractères forts et volontaires, aguerris devant les difficultés et solidaires au sein d’une communauté soudée.
Puis les barrages, l’industrialisation et l’ouverture au monde moderne ont permis l’essor actuel de la commune. A l’instar de certaines vallées du Valais, Hérémence a su conserver un attrait particulier grâce à la beauté des paysages et la conservation du patrimoine. Cinq villages, vestiges du passé et témoins du présent abritent dans une douce harmonie montagnarde quelque mille trois cents habitants. Huitième superficie communale valaisanne, Hérémence possède néanmoins avec Evolène la plus faible densité de population des communes du Valais romand.
Les défis du futur, qui concernent l’ensemble des communes de montagne, prennent à Hérémence une dimension distinctive. Quelle influence peut donc avoir une faction politique de centre-gauche et de gauche ?
Le premier défi consiste à prendre en compte l’évolution de la population. En effet, si le nombre d’habitants n’évolue que très peu, la pyramide des âges s’inverse de manière spectaculaire, entraînant des besoins urgents en matière de prise en soins des personnes vivant dans l’isolement, dans la maladie ou dans une situation précaire. Il sera nécessaire très rapidement de consolider et de développer les structures actuelles. Il s’agit non seulement, dans la perspective du maintien à domicile des personnes vieillissantes, de développer les prestations du Centre médico-social, mais également de soutenir les proches aidants, et de créer des structures intermédiaires permettant une optimalisation des ressources et le maintien d’une vie digne pour les personnes.
La stabilisation de la pyramide des âges passe également par une meilleure attractivité destinée à encourager les jeunes natifs à rester dans la commune mais également de permettre à de jeunes couples ou à des familles de choisir Hérémence comme lieu de résidence. Le riche tissu associatif et la magnifique offre des sociétés locales ne suffisent pourtant pas à rétablir cet équilibre. Il s’agit de maintenir et de développer les prestations existantes et de les étendre à d’autres offres permettant un dynamisme démographique : étendre et développer le lieu d’accueil pour la petite enfance, offrir des appartements à loyer modéré, ceci en plus d’une attractivité fiscale et de mesures d’aide au logement.
La commune d’Hérémence possède des atouts majeurs en terme d’attractivité touristique et culturelle : un paysage à couper le souffle, une nature préservée des inconvénients du tourisme de masse, le plus haut barrage du monde, des curiosités géographiques telles les pyramides d’Euseigne, l’accès à l’un des plus vastes domaines skiables, un magnifique musée multi-sites, une église à l’architecture spectaculaire, autant de joyaux à valoriser et à offrir aux hôtes avec encore plus de professionnalisme et en collaboration encore plus accrue avec les communes du Val d’Hérens.
Puis il y a la loi sur l’aménagement du territoire. Une ambition nationale forte, une réalisation cantonale décidée. Avec l’inconvénient majeur d’une application en défaveur d’une commune de montagne comme celle d’Hérémence. Ici, la gauche suisse et valaisanne, sans doute parce qu’elle n’est pas suffisamment représentée dans les vallées, n’a que très peu pris en compte la réalité montagnarde. Il ne s’agit donc pas de spoliation de terrains, de recherche d’équité ou de densification du territoire. Il s’agit d’une question de possibilités de développement et de maintien d’une vie sociale, familiale, scolaire, sociétale… de la vie tout court.
Il n’est dès lors plus temps de se lamenter sur les conséquences de la Lex Weber ou de la LAT ou encore des fluctuations du prix de l’énergie. Il s’agit de trouver des solutions pragmatiques, consensuelles, partagées avec les citoyennes et les citoyens.
Le dernier défi essentiel et qui est de taille consiste à ouvrir une réflexion et à entreprendre des actions concrètes en lien avec la nécessité d’unir davantage les forces et les ressources des communes de montagne par une collaboration intensifiée et par un projet concret de fusion. Identité hérensarde forte, volonté d’aller de l’avant, désir d’efficience, désir d’avoir une représentation cantonale forte, autant de raisons parmi d’autres qui inciteront sans doute les élus de la prochaine législature à aborder cette question avec détermination et conviction.
La chance de la commune d’Hérémence est d’avoir depuis 2014 un consensus politique au sein du Conseil communal, de prioriser les véritables questions, en profitant des compétences de chacun de ses membres. Les sensibilités politiques étant écoutées et respectées, la complémentarité des avis permettent des décisions réfléchies et unanimes.
Puisse cette harmonie perdurer encore lors de la prochaine législature, condition essentielle à la prospérité et au bien-être des citoyennes et des citoyens.
Texte de Philippe Nendaz, octobre 2020
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